Cette semaine, j’ai lu l’article On the Unhappiness of Software Developers de Daniel Graziotin, Fabian Fagerholm, Xiaofeng Wang et Pekka Abrahamsson. Il s’agit d’une étude à grande échelle menée auprès de plus de 2 000 développeurs, qui cherche à comprendre le bonheur des développeurs et les principales causes de leur malheur.
Mon résumé de l’article
Cet article s’appuie sur des recherches antérieures concernant la relation entre le bonheur des développeurs et les performances, la productivité et la qualité des logiciels. Les auteurs font remarquer que les entreprises de la Silicon Valley se distinguent par les avantages qu’elles offrent aux développeurs pour les rendre heureux, et font référence à la « thèse du travailleur heureux et productif », selon laquelle les travailleurs heureux sont plus productifs.
Le bonheur est défini comme « une séquence d’épisodes expérientiels. Être heureux correspond à des expériences positives fréquentes, qui conduisent à ressentir des émotions positives. Être malheureux correspond à l’inverse : des expériences négatives fréquentes conduisant à des émotions négatives. Le bonheur est la différence ou l’équilibre entre les expériences positives et négatives ».
Pour mesurer le bonheur, les chercheurs utilisent un instrument d’enquête validé appelé l’échelle d’expériences positives et négatives (SPANE). « Les répondants sont invités à faire état de leurs [émotions et humeurs], au cours des quatre dernières semaines. Cela permet de trouver un équilibre entre l’adéquation de l’échantillonnage des affects et la précision de la mémoire humaine pour se souvenir des expériences et réduire l’ambiguïté. »
Des recherches antérieures ont révélé que :
- Les développeurs heureux sont plus performants que les développeurs malheureux. « Nous avons précédemment montré que les développeurs heureux résolvent mieux les problèmes, et qu’il existe une relation entre [le bonheur] et la façon dont les développeurs évaluent leur propre productivité. »
- Le malheur a un effet négatif à la fois pour les développeurs personnellement et sur les résultats du développement. Les huit conséquences les plus significatives du malheur des développeurs sont, dans l’ordre : une faible productivité, une qualité de code médiocre, une motivation moindre, un retrait du travail, des retards, une faible concentration, des performances inadéquates et un respect moindre des processus.
- Les gestionnaires pourraient avoir intérêt à se concentrer sur l’amélioration du bonheur en réduisant les expériences négatives, plutôt qu’en maximisant les expériences positives. « La littérature suggère qu’un moyen rentable de favoriser le bonheur et la productivité des travailleurs pourrait être de limiter le malheur. »
Qu’est-ce qui rend les développeurs malheureux ?
L’étude des auteurs s’est attachée à comprendre les causes du malheur des développeurs. Les causes les plus courantes sont énumérées ci-dessous.
Ce qui est remarquable, c’est que la plupart des principales causes de mécontentement sont des causes externes sur lesquelles les managers peuvent agir. (par exemple, la pression du temps, la mauvaise qualité du code et les mauvaises pratiques de codage, un collègue moins performant ou des tâches répétitives).
« Nous nous attendions à ce que la majorité des causes de malheur proviennent de considérations liées à l’humain (416 références) ; cependant, les facteurs techniques de l’artefact (788) et du processus (544) dominent le malheur des développeurs, soulignant l’importance de l’architecture stratégique et de la coordination des effectifs. » Les auteurs ont fait remarquer que « puisque les causes externes peuvent être plus faciles à influencer que les causes internes, et que le fait de les influencer aura un impact sur plusieurs développeurs plutôt que sur un seul à la fois, cela suggère qu’il existe de nombreuses possibilités d’améliorer les conditions pour les développeurs dans la pratique. »
Conclusion
Ce document fournit des conseils utiles aux dirigeants qui se soucient du bonheur des développeurs. Il est utile de rappeler que le bonheur des développeurs n’est pas seulement un sujet qui fait plaisir. De nombreuses recherches ont montré que l’amélioration du bonheur des développeurs peut stimuler les performances et la qualité du travail. Je conclurai par une magnifique citation tirée d’un article connexe des mêmes auteurs :
« Pour obtenir un rendement productif d’un être humain, nous devons d’abord investir. En tant qu’êtres humains, la productivité des développeurs de logiciels dépend de leurs compétences et de leurs connaissances – mais pour y accéder, nous devons créer des conditions favorables qui permettent au potentiel humain de se réaliser… La satisfaction des développeurs est importante pour la productivité, car une satisfaction réduite peut entraîner des coûts futurs ; il s’ensuit que les entreprises devraient s’intéresser au bien-être général de leurs développeurs de logiciels. En outre, nous pensons que nous devrions simplement nous efforcer de créer de meilleurs environnements de travail, équipes, processus et, par conséquent, produits. »
